"Joli" mois de mai?...
C’est le printemps, le joli mois de mai… ses oiseaux, ses fleurs, ses arbres soudain verdoyants. C’est le printemps que tout le monde attend, et pourtant. Voici venu le temps aussi des commandos de la mort, des armées « jusqu’aux dents », les soldat de l’herbe !
Ils sont chargés de l’entretien des espaces verts. L’entretien… ça me laisse perplexe. A les voir chevauchant leur tondeuse comme s’il s’agissait d’un char, à l’assaut de prairies éclatantes de vie, ou armés de leur scie électrique qui massacre allègrement les buissons, arrachant plus que taillant, portant des masques pour les protéger des gaz toxiques dont ils abreuvent toutes les personnes qui les croisent autant que les sols qu'ils innondent, des souffleurs hurleurs qui polluent autant l’atmosphère de leurs gaz délétères qu’ils n’agressent nos oreilles, rompant les rares plages de silence que pourraient nos offrir ces petits parcs maltraités. Oui, je suis désorientée… et atterrée.
campus impressionniste
A travers ces scènes où la vie est malmenée, niée- car qui croit vraiment qu’une herbe vit, et que vaut cette vie ?- détruite en toute impunité, avec l’assentiment de tous, je vois que l’humain, tout au moins l’occidental, finalement, n’aime pas la vie. Il ne s’aime pas, il n’aime pas les autres humains, et encore moins toutes les formes de vie. Sans même ressentir ce que la vie a de précieux, d’unique, de rare, ce que la mort a d’irréversible, l’homme méprise sa condition d’être vivant, n’en mesure aucunement la nature extraordinaire de ce phénomène qu’est la vie.
Tout ce qu’il fait tend à détruire, déformer, dénaturer. On nous rebat les oreilles avec l’environnement, mais concrètement, ce n’est qu’ineptie et entêtement à poursuivre dans cette voie destructrice.
Fini, le jardinier qui prenait le temps d’aimer, ce sont maintenant de simples employés, des fonctionnaires du « parterre ». Et plus personne ne supporte l’expansion de la vie, ce qu’ils appellent la mauvaise herbe, les herbes folles, toutes ces petites brindilles qui leur gâchent l’existence. Et allez l’insecticide sur les marches d’un complexe de cinéma, dans une rigole où nul ne va, tout au long des bordures d’allées. Rien ne doit dépasser ! ni les branches des arbres, ni les feuilles des haies, ni les fleurs de pissenlits, les boutons d’or, les marguerites. Rasés, les petits fossés qui ont pour seul tort d’abriter des herbes dont personne ne connaît plus le nom, et des insectes qui voient leurs espaces vitaux réduits d’année en année en peau de chagrin. Tout ce qui n’est pas utile à l’homme, tout ce dont il ne peut tirer profit est nuisible, excédentaire à ses yeux, et tout cela doit disparaître.
Alors, on imagine des astuces : « c’est plus joli comme ça, ce sont des « verrues », ces arbres étaient malades, ils font de l’ombre, ils déforment les trottoirs… »
Il n’y a que l’homme qui a le droit d’exister et pourtant, lui aussi, il ne sert à rien, si ce n’est à anéantir la Terre. N'est-il pas le plus grand prédateur de la Terre? Et l'animal ( car qu'il veuille ou non sans souvenir, l'homme est avant tout un animal!), le plus nuisible, voir le seul nuisible de la Planète?
Bien sur, tout le monde se fiche bien de ces histoires de végétaux. N’est-ce pas, il y a bien des choses plus « importantes », plus « graves ».
Mais l’infiniment petit se retrouve dans l’infiniment grand. Cette loi inéluctable démontre en l’occasion, que ce que l’homme fait à ces « espaces verts », il le fait pour tout et pour tous. Ici, ce sont les pelouses, mais là, ce sont les animaux, et là-bas, ce sont les enfants tués dans les combats, tous ces gens mourants de faim, de maladie, de torture, de la guerre…
Et quoi qu’en disent certains, tout ça se fait dans l’indifférence quotidienne de tous.
Car il ne suffit pas de crier « écologie », « environnement », mais il faut que les pouvoirs en place changent leur façon de penser, et donc de faire.
Laisser les arbres grandir, toutes les herbes, plantes exister, les insectes et petits animaux demeurer dans ces refuges verts.
Laisser les fleurs vivre, toutes !
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